Avant le Covid-19 déjà, le commerce international était en berne, subissant les effets de la crise pétrolière et de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. La pandémie a joué le rôle d’accélérateur, transformant cette situation tendue en une crise d’ampleur mondiale.
Parmi les domaines impactés, celui de l’assurance-crédit, cette assurance qui protège les entreprises et institutions contre les défauts de paiement de leurs clients. La crise augmente en effet le risque que ces clients n’honorent pas leurs dettes, ce qui amène les assureurs-crédits à s’exposer davantage. Ce marché pourrait ainsi subir des pertes atteignant 46 milliards de dollars dans le monde, dont 30 % couvertes par la réassurance, d’après les analystes de Morgan Stanley.
Conséquence : les assureurs crédits réduisent mécaniquement les lignes de crédit accordées – en fonction de la solvabilité des clients, des secteurs d’activité, des pays concernés –, allant parfois jusqu’à les supprimer totalement. Toutes les entreprises, et les PME et ETI en particulier, sont ainsi moins protégées contre les défauts de paiement, au moment même où ce type d’incident risque de se multiplier.
Des mécanismes de soutien public pour traverser la crise
Les acteurs du secteur ont vu le danger et réagi rapidement, notamment en Europe. Afin d'assurer la continuité de cette couverture, la Commission a ainsi très vite permis aux acteurs publics d’intervenir sur ce segment de marché pour en assumer les risques. Les États ont pu prendre le relais des assureurs-crédit, via des mécanismes d’assurance, de réassurance et de financement. Le Royaume-Uni a ainsi mis en place une garantie publique s’élevant à 10 milliard de livres ; en Allemagne, elle s’élève à 30 milliards d’euros. Des dispositifs analogues existent en Belgique, aux Pays-Bas, en Espagne… Les banques centrales, et notamment la Banque centrale européenne (BCE), jouent dans ce cadre un rôle crucial, en permettant aux États de s’endetter pour financer ces mesures.
En France, les principaux assureurs-crédit se sont dès le 10 avril engagés à continuer de jouer leur rôle, en transférant là aussi les risques à l’État. Concrètement, de nouveaux produits – Cap, Cap +, Cap Francexport – permettent aux entreprises d’être toujours couvertes en matière d’assurance-crédit, sur le territoire national comme à l’export. L’État garantit pour cela une réassurance publique à hauteur 12 milliards d’euros.
Vers la sortie de crise ?
On assiste déjà, en Chine, à Taiwan, en Corée du Sud, au Vietnam, qui vivent l’épidémie avec quelques semaines d’avance sur l’Europe, à une reprise de l’économie. Partout dans le monde, les dispositifs de soutien publics ont été mis en place rapidement, en quelques semaines, alors qu’il a fallu plusieurs mois lors de la crise de 2008. La crise devrait donc être – certes violente, peut-être sans équivalent depuis 1929 – mais aussi de courte durée.
Tous les secteurs ne sont d’ailleurs pas atteints de la même manière. L’hôtellerie, la restauration le sont bien sûr au premier chef, ainsi que les industries aérienne et automobile (l’activité de ce secteur pourrait baisser de 20 % à l’échelle mondiale). Mais les États soutiennent massivement ces pans stratégiques de leur économie, en attendant la reprise.
L’assurance-crédit continue d’ici là de sécuriser la trésorerie des entreprises – les dirigeants de TPE-PME en ont besoin, qui sont aujourd’hui 55 % à craindre la faillite en France. Cette assurance est plus largement un moteur de l’activité, dans tous les secteurs et pays du monde : en garantissant les échanges commerciaux, elle est un rouage clé de la croissance. Elle sera donc un facteur décisif de la sortie de crise.
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