L’énorme intérêt manifesté pour les Bitcoins en 2017 a sans aucun doute surpris de nombreuses personnes dans le monde de la finance tout comme celui suscité par les cryptomonnaies à une époque où la numérisation de nos sociétés est un sujet clé pour les banques, les entreprises, les gouvernements et les individus. Beaucoup de choses ont déjà été dites et écrites sur les Bitcoins mais voici quelques idées inspirées par les événements récents sur ce sujet complexe et passionnant.
Un atout très spéculatif, ni plus ni moins.
Prix du Bitcoin
Le prix des Bitcoins se situait autour de 17 600 $ le 15 décembre contre 4 171 $ à la fin septembre (quatre fois plus) et 952 $ au début de l'année (plus de dix-huit fois plus). La volatilité historique sur 90 jours fluctue entre 80 % et 90 %. A moins d’avoir la spéculation dans le sang, se lancer maintenant corps et âme dans les Bitcoins est une démarche quelque peu complexe. Seul l'avenir nous dira si le parcours des Bitcoins au cours des deux dernières années a été une nouvelle illustration du concours du plus idiot qui veut que les croyances irrationnelles et les attentes régissent les prix des actifs : autrement dit, tant que l'on croit que quelqu'un d'autre paiera un prix plus élevé pour obtenir un actif, tout prix se justifiera !
La fièvre du Bitcoin reste un " micro-événement ".
La capitalisation boursière des Bitcoins s’élève à présent à environ 295 milliards de dollars. Ce n'est pas ce que l'on pourrait qualifier de dérisoire. Elle correspond à la 6e capitalisation boursière du Dow Jones et à la 13e de l'indice S&P 500. Toutefois elle ne représente que 1,26% de la capitalisation boursière totale de S&P et 0,65% de celle de MSCI monde. En tant que devise, la capitalisation boursière des Bitcoins représente à peine 1,2% de la masse monétaire M1 mondial des États-Unis, de la zone euro, du Japon, de la Chine, de l'Inde et du Brésil. Si le Bitcoin perdait 50% de sa valeur, la destruction d’une richesse numérique chiffrée à 150 milliards de dollars serait finalement anecdotique et ce malgré son grand retentissement dans les médias et le mauvais goût en bouche qu’elle laisserait aux détenteurs de Bitcoins. On s’en souviendrait comme un épisode de spéculation surprenante, juste suffisamment intéressant pour les journaux et les émissions de télévision mais sans répercussion au niveau macro.
Une valeur intrinsèque très incertaine.
Le Bitcoin n'est qu'un moyen d'échange mais pas encore une monnaie. Pour obtenir un tel statut, il faudrait qu'il devienne un moyen d'échange généralement accepté. Son utilisation accrue entraînerait une augmentation de la demande et ainsi de suite, dans un processus récursif dont la fin est inconnue à l'heure actuelle. Du côté de l'offre, même si le nombre de Bitcoins en circulation est limité, d'autres cryptomonnaies existent déjà ou pourraient encore être créées à l'avenir, rendant le Bitcoin encore plus incertain. Les transactions monétaires en Bitcoins représentent une part insignifiante des paiements dans le monde et le Bitcoin ne peut pas encore s’afficher comme celui qui va rafler toute la mise. Il est trop tôt pour se prononcer sur son succès in fine au sein de l'écosystème des cryptomonnaies. Ceci étant, même le sort des cryptomonnaies est incertain car il ne sera pas si facile de remplacer les monnaies fiduciaires. Les gouvernements et les banques centrales protégeront farouchement leur territoire. De plus, une valeur stable est indispensable pour qu'une monnaie devienne un instrument fiable. Les fluctuations importantes qui accompagnent l'apparition du Bitcoin freinent son développement.
Le flux d'informations entretient la ferveur
L’arrivée de concurrents impulsée par le CBOE et le CME est un jalon important dans l'émergence du Bitcoin au sein de la communauté crypto-punk. Elle peut être vue comme un signe de reconnaissance institutionnelle des cryptomonnaies par la communauté financière, faisant ainsi augmenter la ferveur autour du Bitcoin. La possibilité d’avoir recours au Bitcoin aussi bien sur le court ou le long terme pourrait aider à la fixation de son prix et ainsi attirer de nouveaux acteurs sur le marché. Pourtant, il est tout à fait impossible d'anticiper ce qui pourrait se produire pour le prix du Bitcoin à l’issue de cette initiative d’envergure. Cela reste toutefois un pari risqué à court terme en raison de ses fluctuations.
L'argument douteux du désintérêt pour les monnaies fiduciaires.
Certains estiment que l’intérêt pour le Bitcoin est lié à la méfiance ressentie à l'égard des principales monnaies fiduciaires après des années d'injections massives de liquidités par les banques centrales. Cet argument serait nettement plus convaincant si le prix de l'or était également à la hausse. Mais l'or vient d'augmenter de 11% d'une année sur l'autre et sa volatilité sur l’année reste légèrement supérieure à 10%.
Le jeu des prix des actifs de Bitcoin l'emporte sur l'innovation en matière de paiement.
Variation du prix du Bitcoin
Ces incertitudes font que l’on peut s'attendre à des fluctuations importantes du prix du Bitcoin car une phase d'essai et d'erreur est indissociable à toute nouvelle innovation technologique. Le Bitcoin est logiquement et intrinsèquement un actif spéculatif et il n’y a aucune raison de s’affoler ou d’être choqué par ce qui se passe actuellement. Au-delà de cette explosion spéculative qui pourrait mal tourner, la question des systèmes de paiement et de l'utilisation de l'argent à l'avenir devrait être l’objectif central. La part de marché des cryptomonnaies augmentera-t-elle dans les années à venir par rapport aux monnaies fiduciaires ?
Est-ce qu'un sérieux retournement des prix compromettra la confiance actuelle dans le Bitcoin ? Les cryptomonnaies méritent notre attention comme bien d'autres innovations numériques de notre époque. En tant que moyen d'échange dont l'utilité et la valeur reposent sur sa capacité à financer des transactions et non sur sa capacité à avoir un prix sans cesse croissant, le Bitcoin est une proposition potentiellement explosive, susceptible d’attirer les personnes les plus voraces à spéculer dessus.