30 mars 2020 3 Min de lecture

Covid-19 : l'empathie et la clarté doivent guider notre réponse [ITW]

La pandémie de la maladie liée au coronavirus de 2019-2020, appelée Covid-19 a débuté le 17 novembre 2019.
L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) prononce l'état d'urgence de santé publique de portée internationale le 30 janvier 2020. Le 11 mars 2020, l'épidémie de covid-19 devient une pandémie selon l'OMS, qui demande des mesures de protection essentielles contre le nouveau coronavirus.

 

La façon dont le secteur de la réassurance réagit et se comporte envers ses clients au regard de la crise peut sécuriser ou endommager sa réputation pour les décennies à venir.

 

Covid19

 

The Insurer a interviewé Bertrand Labilloy, PDG de CCR Re : 

1. Alors que les hommes politiques et les échotiers multiplient les discours contre les assureurs qui s’appuient sur les clauses d’exclusion, les assureurs ne risquent-ils pas d’être brocardés comme les « nouvelles banques » ?

 

Bertrand_Labilloy_VIGNETTE

«En France, les assureurs n’ont pas encore été pris pour cible par les hommes politiques et les journalistes, même si certains représentants des PME ont déjà demandé des aides d’Etat ou une extension des garanties contre les pertes d’exploitation. En fait, les commentateurs sont plutôt actifs et alimentent les controverses sur la réponse du gouvernement à la crise sanitaire ! En outre, les clauses d’exclusion s’appliquant aux demandes d’indemnisation pour la perte d’exploitation ne sont pas un problème pour la population.

Cependant, nous ne devrions pas considérer cette situation comme acquise. L’opinion publique pourrait se tourner vers les difficultés des PME alors que nous allons devoir lutter contre la crise économique. Il est donc de notre intérêt d’apporter une réponse immédiate – de manière limpide et aussi avec empathie – aux préoccupations des assurés si nous ne voulons pas être dépeints comme les « méchants » !

 
2. S’il s’agit d’une préoccupation, de quelle marge de manœuvre dispose l’industrie afin d’influencer les faiseurs d’opinion et démontrer qu’elle est un acteur responsable de l’économie mondiale ? L’industrie en fait-elle suffisamment pour faire pression et parler à l’unisson ?

«A l’évidence, dans le contexte actuel, nous devrions faire front uni sans rechercher les feux de la rampe. Ce n’est pas ce que les gens attendent de nous et ceci nous exposerait à un revers de médaille.

A l’inverse, les assureurs français ont pris des engagements publics et concrets pour montrer comment ils s’associent à l’effort de solidarité nationale en faisant preuve de souplesse vis-à-vis des PME et des particuliers touchés par les mesures du Covid-19 : une contribution de 200 millions € aux fonds de solidarité de l’Etat et traitement favorable en matière de retards de paiements (primes d’assurance ou loyers) durant toute la période de confinement.

 
3. Y a-t-il un risque que certains tribunaux ou législateurs cherchent à saper la clause d’exclusion ? Que pourrait-il se passer si ceci devait se produire ?

«Je ne pense pas qu’un tel risque puisse survenir en France. Jusqu’à présent, le Ministre des Finances, Bruno Le Maire a clairement laissé entendre qu’il partageait le point de vue des assureurs sur les clauses d’exclusion, et aucune action en justice n’a été intentée sur notre territoire contre les assureurs en rapport avec les mesures du COVID-19. Mais la pression pourrait monter dans les mois qui viennent en raison de l’évolution de la crise économique. C’est la raison pour laquelle, tout en réitérant que les clauses actuelles d’interruption d’activité ne s’appliquent pas dans les circonstances actuelles, nous nous engageons à étudier la création d’un régime d’indemnisation spécifique en vue de crises sanitaires futures, le cas échéant.

 
4. Quel est l’impact de la crise du Covid-19 sur les prochains renouvellements d’assurances et de réassurances et comment votre entreprise réagit-elle pour assurer la continuité avec les clients ?

«CCR Re n’a pas subi de perturbation majeure pour les prochains renouvellements du 1er avril, ce qui est une bonne nouvelle, compte tenu des augmentations tarifaires que nous enregistrons en Asie. Ainsi, nous parvenons à gérer l’entreprise et à fournir un service en mode « business as usual » grâce à la virtualisation des postes de travail et aux solutions de visioconférence que nous avons améliorées dès novembre l’année dernière.
Cette infrastructure virtuelle permet l’exploitation de tous les processus internes de l’entreprise qui ont été entièrement dématérialisés ces vingt dernières années. Par ailleurs, le temps perdu dans les avions et les aéroports, est désormais mis à profit en discussions avec nos clients via Webex ou bien Zoom. Ainsi nous ne perdons jamais le contact !

 
5. Comment les courtiers et les transporteurs adaptent-ils leur couverture, fournissent des extensions et autres solutions aux assurés alors qu’ils subissent des arrêts temporaires et autres changements liés au Covid-19 dans leurs activités commerciales ?

«D’une manière générale, il est essential de contribuer à la résilience de l’économie réelle tout au long de la crise. Ainsi, toutes les parties prenantes – les banques, les assureurs, les gestionnaires d’actifs, les analystes, les pouvoirs publics, etc… - se doivent d’avoir un comportement responsable et éviter d’aggraver la crise par des actions inappropriées. Plus précisément, il convient d’empêcher les faillites d’entreprises et de préserver la confiance des consommateurs et des investisseurs du secteur financier.

 

De leur côté, les assureurs ont un rôle essentiel à jouer car ils sont structurellement riches en liquidés et de véritables amortisseurs de choc. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes engagés, en France, à maintenir les couvertures assurantielles pour les PME et les professionnels et à accepter les retards de paiement des loyers. En particulier, le gouvernement français a décidé de réactiver le régime public de réassurance-crédit géré par la CCR de 2008 à 2011 afin d’encourager les assureurs-crédit à maintenir leurs couvertures au profit de toutes les PME. Nous devons également continuer à investir dans les prêts et les obligations d’entreprise et résister à la tentation de la fuite vers la qualité.

 

 

 

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