Reinsurance Tutorials #10 - Saison 2
Bonjour à tous 👋
Aujourd'hui, nous commençons par un sujet qui occupe une place importante dans notre vie quotidienne : Les catastrophes naturelles. Ces évènements ont un impact sur notre monde et représentent de nouvelles menaces et de nouveaux défis.
Mon rôle est de vous donner un aperçu de la situation.
- Telle que nous la voyons aujourd'hui,
- Comme nous la prévoyons et avec ses tendances à l'aggravation sur le long terme.
Sylvie abordera la question concrète des clauses de survenance de sinistre, des définitions des couvertures et des événements, claires ou non, et des difficultés qui en découlent entre les parties.
Clémence analysera la question des traités proportionnels et non proportionnels
Laurent expliquera les différences entre les catastrophes naturelles et les catastrophes d'origine humaine.
Commençons ⏬
Année après année, les catastrophes naturelles nous apportent de nouvelles thématiques :
- Déficit de protection
- La dérive des sinistres
- Les périls secondaires
- Le changement climatique
- Assurable ou non assurable
- Partenariat privé/public
Avant d'aborder ces questions, commençons par une question simple :
Qu'est-ce qu'un événement Cat ? Cela dépend !
- En Indonésie, plus de 100 000 personnes ont été victimes d'un tsunami. C'était un événement tragique qui n'a pas eu de conséquences financières majeures pour le secteur de la (ré)assurance. Ce n'était pas un événement Cat.dans le cadre de notre métier
- En revanche, l'attaque du World Trade Center, qui a fait 2 800 morts, a été un événement Cat majeur sur le plan économique et le traumatisme psychologique affecte encore les gens 20 ans plus tard.
Déficit de protection
Pour tout événement Cat, nous constatons des pertes économiques plus importantes que les pertes assurées.
- Sur la période 2010-2019 la moyenne annuelle des dommages économiques au titre de Catastrophes a atteint 202 milliards de dollars, soit plus du double de la moyenne décennale des pertes assurées qui a été de 87 Mrds $
- L’écart entre pertes économiques et assurées s’est accru de 87 Mrds en 2019 à 113 Mrds $ en 2020
- L'écart est plus important en Asie (91,6 %) qu'en Europe (81,9 %) ou aux États-Unis (72,8 %).
Le fait qu'un pourcentage des pertes économiques soit lié à des travaux publics, des infrastructures (ponts...) qui ne sont pas toujours assurés est un des éléments pour expliquer cet écart. La densité de couverture d'assurance, différente selon ls marchés en est un autre.
- En France, nous disposons depuis les années 80 d'un système de (ré)assurance Nat Cat (dans lequel la CCR joue un rôle essentiel) qui réduit considérablement l'écart pour les citoyens français.
- Le capital consacré à la réassurance a augmenté ces dernières années mais...
L'écart de protection s'élargit.
- Le secteur de la réassurance a couvert des pertes au cours des 5 dernières années sans couvrir le coût du capital : C'est un défi majeur pour l'avenir
- Le potentiel de sinistres n'a pas été correctement évalué et payé par les assurés, les compagnies d'assurance ou leurs réassureurs.
La dérive des sinistres
- Les pertes dues à l'ouragan Irma aux États-Unis et au typhon Hagibi au Japon continuent d'augmenter deux ans après les faits. Cela nous montre que les événements de type Property Cat ne peuvent plus être considérés comme des événements à court terme.
- Déclaration tardive des sinistres, augmentation du coût des réparations en raison du flux des demandes, batailles judiciaires... Ce sont de nouvelles caractéristiques pour les réassureurs avec lesquelles nous devons composer.
- Le Covid 19 et les inondations européennes de juillet 2021, dont le coût est encore révisé à la hausse, nous montrent que ce sujet est appelé à perdurer et doit être intégré dans nos méthodes de tarification.
Les "périls secondaires"
- Les compagnies d'assurance connaissent très bien les tempêtes et les ouragans et les tarifient selon des modèles récemment révisés mais...
- Chaque année, de nouveaux événements se produisent, qu'ils soient d'origine naturelle ou humaine, et génèrent des montants de pertes non calculés ou inattendus qui, dans certains cas, sont sans précédent, tant en termes de gravité que de fréquence.
- Feux de forêt : Fréquence et gravité accrues aux États-Unis mais aussi dans de nombreux pays, de l'Australie à la Grèce en passant par le Portugal et la Turquie.
- En 2020, la mort de Georges Floyd étouffé par un policier a provoqué des violences et des dommages d'un milliard de dollars
- En 2021, les émeutes en Afrique du Sud épuisent le Pool initié dans les années 70 pour couvrir la PV (violence politique) et les risques grèves, émeutes et émotions populaires qui était jusqu'alors sans sinistre, entraînant des coûts supérieurs à 2 Mrds $ dont une partie très importante pour les réassureurs.
- En 2021, les inondations européennes de juillet ont généré des pertes assurées de plus de 8 milliards d'euros, atteignant un nouveau record en Allemagne.
Ces événements, naturels ou d'origine humaine, n'avaient pas été modélisés…
Le changement climatique : la nouvelle préoccupation
Aujourd'hui :
- Les primes mondiales de réassurance s'élèvent à près de 300 milliards de dollars,
- Les fonds excédentaires dédiés à la réassurance se situent entre 500 et 680 milliards de dollars selon les critères de calcul
- Un seul événement Cat majeur pourrait atteindre 400 milliards de dollars.
- Les sinistres liés aux catastrophes naturelles ont dépassé les 100 milliards de dollars
- Une inondation de 10 milliards de dollars, largement réassurée, touchant la Belgique et l'Allemagne, combinée aux sinistres Cat américains, portera le ratio combiné de nombreux réassureurs à plus de 100%.
- Le changement climatique n'est pas responsable de tout, mais c'est un facteur aggravant qui va inexorablement s'accentuer dans les années à venir.
Est-ce encore assurable ou non ?
- Nécessité de couvrir la croissance
- Le capital de l'industrie de la (ré)assurance est limité
- Le prix pour couvrir ces limitations est insuffisant et l'augmentation nécessaire des prix peut apparaître insupportable pour les citoyens et les entreprises.
- Les risques émergents vont bien au-delà des attentes et il n'est pas facile de déterminer les accumulations. Cela s'applique aux cyber-risques, aux pandémies, aux risques biologiques et aux risques liés à l'environnement...
Le partenariat privé/public, une solution possible ?
- Au fil des années, des formules de mutualisation ont été créées pour couvrir les risques majeurs : nucléaire, pollution, Nat Cat, non seulement en France, mais aussi en Islande, au Japon, en Espagne...
- Ces formules peuvent être appliquées à d'autres types de risques : Agro, Pandémie..
- Mutualisation des risques : Les risques Nat Cat sont couverts en France à un prix abordable grâce à l'assurance obligatoire. Mais malgré cette mutualisation, avec le changement climatique, ce prix devra augmenter
Le secteur de la (ré)assurance devrait-il offrir une couverture limitée à un prix abordable ?
L'Etat paierait alors l'excédent de ce que le marché privé est en mesure de couvrir.
Devrions-nous suivre la voie d'une couverture en deux étapes avec :
- une couverture minimale obligatoire avec ou sans le soutien de l'État
- au-dessus de cela, fournir une prime supplémentaire avec une couverture plus large et plus élevée achetée par des assurés plus concernés et/ou plus riches ?
Une autre voie pour notre industrie est de contribuer à une réduction des expositions par le biais de conseils en prévention des pertes à nos clients et notre propre responsabilité ESG.
Conclusion
Je crois avoir suscité plus de craintes et de questions que de solutions.
Sylvie, Clémence et Laurent aborderont des questions concrètes dans leurs tutoriels.
Merci pour votre attention !
À bientôt ! 👋
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