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Insurance Linked Securities, attention aux changements de stratégie [ILS News #2]

Rédigé par Mathieu Halm | 10 sept. 2020 07:29:12

Une capacité présente mais en léger recul et plus sélective

Dans la précédente newsletter, j’indiquais que la crise provoquée par la Covid-19 devrait démontrer que les ILS ne sont pas une classe d’actifs éphémère. Alors, même si bien sûr il est encore trop tôt pour tirer des conclusions et bien qu’un « flight to liquidity » a pu être constaté, on ne note qu’une baisse de l’ordre de 4%, selon Aon, des capitaux alternatifs disponibles.

Cette baisse est pour beaucoup imputable à la sinistralité des trois dernières années, y compris les impacts de la Covid-19, qui implique le maintien captif des capitaux (de l’ordre de 15 Mds$) afin de pouvoir répondre, le cas échéant à la réalisation de sinistres.

 

 

 

 

Néanmoins, si on se concentre sur les « Pure Players », à savoir les fonds spécialisés sur les ILS, les Actifs sous Gestion (Asset under Management) reculent de 5%, à 70 Mds$ selon un récent article de Trading Risk du 10 Août 2020. On note, cependant, diverses fortunes sur ce segment car si ces fonds accusent un recul, ceux soutenus par un réassureur connaissent, quant à eux, une croissance modeste de 1.7%, à 22.4 Mds$

Par ailleurs cet article rédigé par Lucy Jones et Fiona Robertson détaille l’évolution des Actifs sous Gestion des principaux fonds ILS (supérieurs à 2 Mds$) depuis 2016. Ceci est très instructif !

 

Outre cette lecture des chiffres, Il est intéressant de constater l’évolution de la stratégie de plusieurs fonds privilégiant les Cat Bonds au détriment des Sidecars. En effet, il n’existe pas de marché secondaire pour ces derniers, ce qui rend cet investissement pour le moins illiquide.

De plus, alors que les Cat Bonds fonctionnent sur la base de périls dénommés et excluent donc pour la quasi-totalité d’entre eux les risques de pandémies, ceci n’est pas nécessairement le cas d’autres types de structure comme la réassurance collatéralisée ou bien encore les sidecars - pour lesquels il subsiste une incertitude - sur leurs expositions potentielles aux couvertures silencieuses liées aux conséquences de la pandémie. 

 

 

 

 

Ceci ne sera pas sans conséquences pour les renouvellements à venir et particulièrement pour l’émission de nouveaux véhicules. Bien que ceux existants depuis plusieurs années doivent pouvoir tirer leur épingle du jeu, les levées de fonds se montreront bien évidemment plus compliquées que par le passé, comme nous avons pu commencer à le constater.

La sinistralité importante que connaît l’industrie depuis 2017 implique par conséquent une hausse de la demande de réassurance ainsi que le durcissement des termes et des conditions comme l’ont à nouveau confirmé les renouvellements du 1er juin dernier. Ceci est donc de nature à donner des perspectives intéressantes pour les investisseurs. 

 

Cependant, ceux-ci vont certainement rechercher des partenariats offrant le meilleur alignement d’intérêt possible et guidés par des politiques de souscription reconnues. 

Il est, à ce titre, intéressant de noter que malgré l’échec du rachat de Partner Re par Covea, un accord de partenariat dans le domaine de l’investissement et de la réassurance a été annoncé entre Exor et le groupe mutualiste. Le français s’engage à investir 1.5 milliard d’euros dont la moitié dans des fonds de réassurance, à savoir des sidecars gérés par Partner Re. Cet accord permet au Bermudien de sécuriser 750M€ de capital pour alimenter son sidecar dans un contexte au combien difficile sur le marché de la rétrocession

Comme l’indique le journal Les Echos, ceci apparaît comme une élégante façon pour Exor de récupérer une partie des indemnités liées à la non réalisation du rachat (break up fees) via les commissions générées par le sidecar. 

 

 

Une nouvelle juridiction pour émettre sur le point d’émerger, preuve de l’intérêt stratégique des ILS

Alors que dans la précédente newsletter furent évoquées les ambitions de Singapour pour s’affirmer comme une alternative séduisante pour l’émission d’ILS, nous avons appris lors de l’événement virtuel (pour cause de pandémie) organisé en juillet « Artemis ILS Asia 2020 » que le Monetary Authority of Singapore (MAS) allait étendre son dispositif d’incitation au 31 décembre 2022 afin de faire de la cité Etat le principal Hub d’émission d’ILS en Asie. Il est par ailleurs question que Singapour étende ce dispositif au-delà des Cat Bonds afin d’embrasser l’ensemble des produits de ce segment d’activité (Réassurance Collatéralisée, Sidecars et ILW). Néanmoins, la surprise nous vient du Brésil.

 

 

 

 

Nous apprenons, en effet, toujours grâce à Artemis et un article de Steve Evans que le Brésil étudie la création d’un cadre réglementaire et législatif pour permettre l’émission d’ILS.

 

Les ILS sont plus que jamais des outils de gestion du capital pour les (re)assureurs dont les différents régulateurs apprécient les bénéfices et entrevoient tout l’intérêt de voir se développer un cadre propice à leur émergence.

 

 

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