Le développement des ILS est un enjeu de compétitivité pour les places financières
Pour ce faire, il est primordial, au-delà du cadre règlementaire, de mettre à disposition tant des sponsors que des investisseurs une offre suffisante de sociétés de services locales pour assurer le succès des émissions mais aussi le suivi et la gestion dans le temps de celles-ci. Il faut donc un microcosme de compétences avec une diversité d’acteurs. C’est l’une des forces des Bermudes.
Hong-Kong a néanmoins un autre atout non négligeable, son accès au marché chinois, concernant tant les potentiels sponsors que les investisseurs. Les opportunités y sont, il est vrai, immenses. En revanche, la situation politique de cette ancienne colonie britannique est plus compliquée depuis les derniers évènements qui ont secoué la ville. La question qui peut légitimement se poser est de savoir quels impacts cette instabilité politique peut avoir, à long terme, sur l’attractivité de cette place financière ?
En tout état de cause, le potentiel de l’Asie est réel sur le marché des ILS. Tant Hong-Kong que Singapour l’ont bien compris.
L’émergence de nouvelles juridictions comme on peut également le voir en Europe avec Londres et Paris ou bien encore, de façon beaucoup plus récente, en Amérique Latine avec le Brésil, a le mérite d’offrir de l’optionalité aux sponsors. Cela est finalement le plus important. Il ne s’agit pas ici de décrire une approche opportuniste, en allant gratter ce petit gain de coût obtenu sur la structuration grâce aux subventions accordées par les uns ou les autres. L’intérêt est bien plus grand puisque, si elles réussissent dans leurs ambitions, la pluralité de choix offerte par ces différentes places devrait permettre de doper l’agilité des sponsors dans leur accès aux marchés des capitaux.
Cependant, attirer des sponsors dans ces nouvelles juridictions n’est pas une chose aisée et ce mouvement doit être accompagné par celui des investisseurs. Elles doivent pour cela démontrer la pertinence de leurs atouts, mettre en valeur leurs avantages compétitifs et se rendre attractives.
La Place de Paris, peut par exemple s’appuyer sur un régime légal en place depuis 1988 (qui a fait ses preuves depuis de nombreuses années dans la titrisation de risques bancaires), un régulateur reconnu pour sa compétence, un cadre compatible avec les normes de Solvabilité 2 ou bien encore un réservoir de sponsors domestiques importants. Elle a néanmoins ses propres défis à relever comme chacun de ces nouveaux venus. Dublin a su se faire sa place. Gageons que ces autres domiciliations sauront en faire autant. Cela ne pourra qu’être bénéfique au développement des ILS.
A noter, que cela nécessitera de bien comprendre et maitriser les avantages et inconvénients des différentes juridictions de plus en plus nombreuses. Les cédantes et leurs conseils vont pouvoir s’amuser à comparer les différentes options en fonction de leurs objectifs. A n’en pas douter cela devrait favoriser l’innovation.
L’industrie ne peut donc que se féliciter de ces initiatives.
Les ILS une classe d’actifs toujours attractive
Le renouvellement du 1er janvier s’annonçait tendu et plus particulièrement pour le marché de la rétrocession. Il y avait de bonnes raisons à cela, à commencer par l’inconnue de l’impact de la Covid-19, une sinistralité cat importante, du collatéral maintenu captif et à des niveaux importants… Bref un environnement favorable à non pas un durcissement du marché mais bien un marché dur.
Finalement, sans faire pschitt ! cela ne fut pas le raz de marée annoncé sur le retournement des conditions. Certes, les hausses tarifaires ainsi que des prises de positions plus fermes sur certaines clauses ou exclusions se sont bien produites. De nouveaux acteurs se sont d’ailleurs montrés à l’affut pour ce renouvellement en levant des capitaux importants en prévision d’un retournement de cycle et plus particulièrement en rétrocession. Le marché des ILS a vu également certains fonds lever plusieurs centaines de millions d’euros pour les déployer au 1er janvier, en prévision des hausses tarifaires et de conditions plus dures. Preuve que malgré tout, l’intérêt pour cette classe d’actifs reste réel.
Mais ce qui est le plus remarquable lors de ce renouvellement est la capacité de certains fonds à rendre les capitaux levés lorsqu’ils n’étaient pas en mesure de les déployer correctement. Cela est une preuve, dont avaient besoin les investisseurs, que l’industrie est capable de suivre une discipline de souscription et de s’y tenir.