Bonjour à tous 👋
Aujourd'hui, et pour le premier épisode de la saison des tutos de la réassurance, nous allons parler de : "Quand le changement climatique fait grimper les prix".
Ce sujet sera abordé par des experts de CCR Re, Georges Guzman et Emmanuelle Huguet.
Commençons ! ⏬
[Georges Guzman] : Bonjour, je suis Georges Guzman, je suis modélisateur CAT chez CCR Re.
[Emmanuelle Huguet] : Bonjour, je suis Emmanuelle Huguet, je suis Actuaire conseil chez CCR Re.
[Georges] : Nous sommes ici pour parler du changement climatique, et de son impact sur les prix.
[Emmanuelle] : " Quand le changement climatique pousse les prix ", commençons !
[Georges] : Tout d'abord, une question : pourquoi le renouvellement du 1er janvier 2023 marque-t-il les esprits et particulièrement en CAT ?
La réassurance CAT, qui représente la majeure partie des dépenses de réassurance Non-Vie, a été le segment le plus difficile du marché lors du renouvellement du 1er janvier.
Nous avons assisté à un changement radical dans les registres de réassurance, avec la plus forte augmentation de taux et les changements les plus importants dans la structure des programmes depuis 30 ans, dans presque tous les pays.
[Emmanuelle] : Il est donc légitime de se poser des questions. Quelle a été la position du secteur de la réassurance sur ce renouvellement, et pourquoi ?
Après six années de rendements décevants et de pertes catastrophiques supérieures à la moyenne, le marché de la réassurance a pris des mesures pour se redresser en redéfinissant le champ d'application des traités CAT, avec des définitions de couverture plus étroites et davantage de périls exclus.
En outre, le renouvellement de la rétrocession a également souffert du même resserrement des conditions en CAT, avec des prix plus élevés et une limitation aux territoires et aux périls modélisés les plus importants. L'ouragan Ian a également perturbé l'offre de rétrocessions, les marchés s'arrêtant pour examiner les plans d'entreprise et un capital ILS important pouvant être engagé dans des contrats de rétrocessions garanties. Le renouvellement tardif des rétrocessions a ajouté des retards et des incertitudes supplémentaires aux renouvellements de réassurance.
La raison n'en est pas seulement la dérive des sinistres qui expliquerait des conditions de marché aussi difficiles ?
[Georges] : Le renouvellement du 1er janvier 2023 nous a obligés à faire face à une combinaison d'événements, non seulement liés aux sinistres, mais aussi aux problèmes géopolitiques causés par la guerre en Ukraine et à la macroéconomie.
Le marché a été confronté à une volatilité extrême en ce qui concerne l'inflation, qui a atteint des sommets en 30 ans, suscitant des inquiétudes quant aux niveaux d'indemnisation et de réserves, en particulier dans le secteur immobilier en raison de la hausse des coûts de construction et des prix des pièces détachées automobiles.
Le changement climatique entraîne un changement dans la vision des investisseurs : les sinistres majeurs atteignent des niveaux élevés. L'événement le plus marquant de la période, l'ouragan Ian fin septembre, n'a fait que renforcer la détermination des réassureurs à accélérer les changements nécessaires sur le marché.
Dans le même temps, les pertes dues aux risques secondaires, tels que les incendies de forêt, les tornades, les inondations et la grêle, ont contribué de manière significative à la détérioration des revenus des réassureurs.
Dans ce contexte, il est beaucoup plus difficile de lever des capitaux sur le marché de la réassurance.
[Emmanuelle] : Comment les assureurs ont-ils géré le durcissement des renouvellements, notamment en CAT ?
Globalement, les assureurs ont pu placer les limites souhaitées dans les programmes au 1er janvier, mais avec peu ou pas d'excédent de capacité. Ils ont dû s'adapter aux conditions du marché en augmentant la rétention et en réajustant les limites de leurs programmes, ce qui a réduit la pression sur la capacité au moment du renouvellement.
Les gagnants sont les assureurs bien informés qui ont commencé les renouvellements tôt et ont adopté une approche pragmatique, en explorant un large éventail d'options et de structures de programmes, ainsi qu'un plus grand nombre de fournisseurs de capacité.
Quant aux réassureurs, ceux qui ont fait connaître leur position dès le début du processus de renouvellement, en proposant des solutions collaboratives et réalistes tout en maintenant leurs engagements en matière de capacité, sont les mieux placés pour tirer parti des opportunités de croissance futures.
[Georges] : Fondamentalement, l'impact du changement climatique est parfois plus difficile à saisir et à inclure dans la tarification, car il existe une multitude de dimensions entre les changements tangibles d'ici 2050 et le prix d'un traité renouvelé l'année suivante.
Toutefois, certains événements, tels que les inondations de juillet 2021 en Allemagne, portent clairement la marque du changement climatique. L'occurrence d'événements aussi intenses restera occasionnelle à court terme, mais doit être intégrée de manière adéquate dans la tarification.
Au-delà de l'occurrence de ces événements, il faut aussi s'interroger sur les périodes de retour de certains événements historiques pour lesquels le marché attendait des valeurs plus importantes que l'observation de l'histoire à court terme : l'année 2022 nous a montré, par exemple pour la grêle en France, que des périodes de retour plus courtes sur des événements extrêmes devraient déjà être cohérentes avec les effets du CC.
[Emmanuelle] : Merci beaucoup d'avoir regardé cette vidéo, j'espère que vous l'avez appréciée.
[Georges] : J'espère que vous avez bien compris l'impact des changements climatiques sur les prix.
[Emmanuelle] : Au revoir !
[Georges] : Merci au revoir !
À bientôt 👋